Le programme Kurukan Fugan a été l’occasion pour de nombreux jeunes entrepreneurs camerounais de s’exprimer librement devant les représentants de l’Union européenne. La rencontre, organisée en partenariat avec l’incubateur Le Boukarou, visait à identifier les obstacles rencontrés par les porteurs de projets dans leur quête de financement.
« Il est temps de dialoguer directement avec les bailleurs de fonds. Les banques commerciales ne sont pas toujours outillées pour soutenir les petites entreprises », a déclaré Sorel Mouafo, présidente du Conseil d’administration du RAPEC.
Les jeunes ont proposé la création d’un guichet spécial de financement sans intermédiaire administratif. Selon eux, cela permettrait un contrôle plus direct et plus efficace des fonds et favoriserait l’essor de l’écosystème entrepreneurial local.
Un besoin de changement dans la coopération Cameroun-UE
Jean Patrick Ketcha, Président de l’incubateur Le Boukarou, a plaidé pour une coopération plus active entre l’Union européenne et la société civile, au détriment des modèles trop institutionnels. « Il faut faire confiance aux jeunes camerounais. Ils sont prêts à relever les défis du développement local », a-t-il affirmé.
L’Ambassadeur de l’Union européenne, Jean Marc Châtaigner, a reconnu les failles du système actuel : « Nous avons entendu les critiques sur la lenteur et la complexité des procédures. Il est important que même un entrepreneur basé à Garoua ou à Dschang sache à qui s’adresser ».
Il a aussi souligné que de nombreux programmes européens passent par des partenaires comme la GIZ, l’AFD ou des ONG, et non directement par l’UE, ce qui peut créer une confusion chez les bénéficiaires potentiels.
Des perspectives concrètes
Cette concertation a mis en lumière les attentes fortes des jeunes entrepreneurs en matière de mobilité, gestion des déchets, numérique et innovation. L’Union européenne s’est engagée à intégrer ces préoccupations dans ses prochaines initiatives.
Si les promesses sont tenues, cette rencontre pourrait marquer un tournant dans la manière dont les bailleurs de fonds interagissent avec les acteurs économiques locaux. Une meilleure accessibilité aux financements signifierait plus de projets, plus d’emplois, et une économie plus résiliente.